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12 mai 2011 à 18h30 Conférence La Révolution du théâtre moderne :
Antoine et Zapolska
Regards Franco-Polonais
de
Martine de Rougemont
Professeur Emérite de la Sorbonne Nouvelle (Sorbonne III)
et
Elżbieta Koślacz-Virol
Actrice dramatique
Martine de ROUGEMONT, professeur émérite à l'Université de la Sorbonne nouvelle (Paris
III), est la fille de l'écrivain suisse Denis de Rougemont [auteur entre autres
de L'Amour et l'Occident (1939) et de L'Avenir est notre affaire
(1977)]. Élevée dans plusieurs pays d'Europe et d'Amérique, elle fait des
études de lettres modernes à la Sorbonne. Certifiée puis agrégée, elle enseigne
quatre ans en Tunisie avant d'être nommée à la Sorbonne en 1967. Elle y
fait sa carrière jusqu'en 2005 à l'Institut d'Etudes théâtrales fondé par
Jacques Scherer. Ses activités d'enseignant-chercheur se sont partagées entre
des cours sur l'histoire du théâtre et sur l'esthétique théâtrale en Occident
des origines au XXe siècle, et deux spécialités : le théâtre du XVIIIe s. et
l'iconographie théâtrale.
La
plupart de ses publications se rapportent à ces spécialités : La Vie théâtrale en
France au XVIIIe s. (1988) et deux volumes de parodies, Paradrames (1998)
et Parisau. Parodies (2004).
Elle participe actuellement à une édition du théâtre de Louis-Sébastien
Mercier.
Elle
a réalisé l'anthologie Esthétique théâtrale. De Platon à Brecht avec
Monique Borie et Jacques Scherer (1982), et a préfacé chez Slatkine les
rééditions du Théâtre de Maeterlinck ainsi qu'un choix de textes d'André
Antoine, Le Théâtre libre. Elle a publié en 2009 la traduction d'un
essai de W.B. Yeats, William Blake et ses illustrations pour la Divine Comédie,
à La Délirante.
Elżbieta KOŚLACZ-VIROL est née à Varsovie. Diplômée du Conservatoire
national du Théâtre de Varsovie (PWST), elle a joué à Częstochowa, puis
dans la capitale polonaise, dans les théâtres Klasyczny et Rozmaitości.
En
France depuis plusieurs années, elle y a d'abord perfectionné sa formation pour
l'adapter à la langue et au répertoire français : Ateliers de Création
dans le cadre du Théâtre des Nations, sous la direction d'André-Louis Perinetti
(Théâtre de la Cité
Universitaire), puis Cours d'Art Dramatique de
Jean-Laurent Cochet, Elle a joué dans des théâtres à Paris et en région
parisienne, et a animé des activités théâtrales dans des écoles et des lycées.
Elle
a soutenu une thèse sur Gabriela Zapolska,
actrice de la fin du XIXe s. sous la direction de Martine de Rougemont
(Sorbonne Nouvelle, Paris III). Par ailleurs, elle a traduit en français
plusieurs pièces de théâtre polonaises et une partie importante de la
correspondance et des chroniques de presse de Gabriela Zapolska.
* * *
Gabriela ZAPOLSKA (1857-1921), de son vrai nom
Korwin-Piotrowska, est née en Volhynie dans une famille de la petite noblesse.
Sa mère était une danseuse du Théâtre de Varsovie. Elle na pas 20 ans quand on
la marie à un lieutenant au service du tsar. Mariage malheureux, annulé huit
ans plus tard. Elle a un enfant hors mariage qui décède rapidement. Elle
commence alors à jouer sur des scènes de théâtre (à Lvov, Cracovie, Poznań) et
avec des troupes itinérantes. Elle espère, sans succès, percer à Varsovie. Elle
tente de se suicider.
Sa famille réprouve sa conduite et lenvoie à Paris où elle
séjourne de 1889 à 1895. Pour Zapolska, une revanche est possible : triompher
sur la scène parisienne. Elle suit des cours de théâtre avec des professeurs
issus de la Comédie-Française, mais constate à quel point son accent peut la
trahir. En 1892, elle rencontre Antoine dont laction à la tête du Théâtre
Libre débouche sur une réforme du théâtre français, proche du naturalisme. Elle
joue pendant quelques années sous sa direction, ainsi quau théâtre symboliste
de Luvre, dirigé par Aurélien Lugné-Poë. Elle y demeure en contact avec le
milieu culturel et artistique français lié au théâtre et à la peinture.
Après son retour en Pologne, elle remonte sur scène,
principalement à Cracovie, où Tadeusz Pawlikowski apprécie le répertoire
défendu par Antoine et la manière de jouer de Zapolska. Elle ne monte plus sur
scène après 1900, se consacre à lécriture et à la formation dacteurs et
constitue une troupe en se basant sur son expérience parisienne. Comme
écrivain, elle débute en 1883 (surtout par des romans), mais cest entre 1900
et 1910 quon lui doit ses meilleures pièces, dont Moralność Pani Dulskiej (La
Moralité de Madame Dulska). Sa correspondance épistolaire et ses chroniques
dans la presse constituent un témoignage remarquable, notamment de sa période
parisienne. Installée à Lvov à partir de 1904, elle y meurt en 1921 et y est
enterrée.
André ANTOINE (1858-1943) est considéré comme linventeur de
la mise en scène moderne en France. Ayant tenté sans succès dentrer au
Conservatoire national dart dramatique, il devient comédien dans une troupe
damateurs. A 29 ans, il fonde le Théâtre Libre, une société de spectateurs sur
abonnement pour échapper à la mainmise du « théâtre de boulevard » dont les
directeurs font la loi. Il démissionne aussitôt de son poste à la Compagnie du
Gaz.
Proche dÉmile Zola, il souvre à des écrivains du courant
naturaliste français et impose un style de mise en scène (produire une «
tranche de vie », décors réalistes, éclairage à lélectricité - technique
novatrice) et un jeu dacteurs en conséquence (vivre le personnage, gestuelle,
abandon du cabotinage). Il monte des uvres dauteurs dramatiques scandinaves
(Ibsen, Strindberg
), ainsi que de Hauptmann, Tolstoï, Tourgueniev
En 1897 il dirige le Théâtre Antoine et, à partir de 1906
celui de lOdéon. Il y met notamment en scène des pièces de Shakespeare,
Corneille, Racine ou Molière. Lourdement endetté, il sarrête en 1914. Jusquen
1922, il réalise plusieurs films dans lesquels il donne de limportance aux
décors naturels. Il conclut sa carrière comme critique de théâtre et de cinéma.
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